dimanche 3 juin 2012

Un dimanche pourri parmi tant d'autres


Aujourd'hui l'humeur n'est plus aux pioupious les p'tits oiseaux qui chantent au monde des Bisounours. Ce ne serait pourtant pas pour me déplaire je l'avoue.

Mais tu es très perspicace, tu as deviné qu'aujourd'hui, ce ne sera pas le cas. Je ne vais pas jouer à la boute en train, je ne vais pas faire le clown ou jouer à la forte. Non. Aujourd'hui,  je vais me plaindre, allègrement. C'est mon blog, je fais ce que je veux après tout.


Je vais donc te donner la recette pour réussir un dimanche bien pourri:


1) Tu prends un dimanche, et tu lui mets de la pluie, dès le matin. Pas de la neige, parce que la neige, c'est boôOÔOôo. Pas une petite pluie printanière et intimiste non plus. Non, de la pluie, forte, bruineuse, avec des éclairs ou de la grêle si tu veux, mais de la pluie qui mouille. C'est très important pour le reste de la journée.


2) La veille, tu prendras soin de te coucher trrrrrès tard, pas parce que tu as fait la fête, non, ce serait trop sympa, mais plutôt parce que ton organisme aura décidé sans te prévenir de se mettre un gros décalage horaire dans la couette, comme ça, pour le plaisir, et surtout que tu as regardé des films à la con (ceux qui sont sensés te faire pleurer et y parviennent à coup sûr, ou ceux sensés te faire rire et qui se plantent la majorité du temps) sur ton ordinateur pratiquement toute la nuit (Internet est vraiment magique pour les insomniaques torturés!). Oui, le dimanche pourri se prépare à l'avance!


3) Tu es donc levée, la matinée est largement terminée, et il pleut, deux bonnes raisons pour t'empêcher d'aller chercher des croissants ou du pain frais à la boulangerie. Tu te contenteras donc de ton café matinal de la semaine, en un peu moins sympa parce qu'en plus, tu n'as plus de café.

4) 14H: devant le temps plus que maussade et l'irrépressible besoin de sortir de chez toi pour ne pas devenir fou, tu regardes autour de toi te demandant ou tu pourrais bien aller trainer ton spleen. Sur les conseils des amis, tu te motives, car oui il faut sortir, ne pas rester à broyer du noir inutilement, ou pire: commencer à réfléchir. Alors tu tentes d'y croire que ça pourra un peu égayer ce dimanche dégoulinant de morosité Tu postes un statut sur Facebook par pur désœuvrement, car les dimanches pourris on ne s'imagine pas que ses petits états d'âmes minablement égocentriques puissent intéresser qui que ce soit, les dimanches pourris nous transforment en êtres résolument clairvoyants.


5) 15H: Tu as faim, mais tu as la flemme. Les livreurs de pizza sont fermés, donc tu te réchauffes un peu de rien qui traîne au frigo en prenant soin de ne pas vérifier la date de péremption, et tu te fais une sorte de gloubiboulga en hommage à ces petits riens que faisait ta grand-mère pour te caler les jours de pluie. C'est bizarre, mais à 8 ans, ça semblait plus appétissant. Comme tu as faim, tu manges, avec la consolation qu'au moins, c'est chaud et ça te tiendra au corps jusqu'à ce soir...


6) 16H15: Tu regardes pour la quinzième fois si quelqu'un a décidé de se souvenir que tu existes. Apparemment, tes amis ont décidé d'hiberner pour la journée... sauf ceux qui sont trop occupés par leur vie familiale bien remplie pour te venir en aide, et qui finalement te déprimeraient encore plus. Tu décides alors d'aller te doucher, et finalement, de te faire belle (on ne sait jamais, le prince charmant se trouve peut-être dans un recoin de ton inconscient, tu ne voudrais pas qu'il te voit avec cette tête là?!)


7) 17H30: Tu pars de chez toi, lavée, habillée, maquillée, brushée (c'est dimanche, il pleut, les heures comptent double alors tu as le temps, alors que la semaine, non). Perchée sur tes sandales ouvertes à talons aiguilles, tu enfiles on plus bel imper. Allez hop, action, on se motive, ce n'est pas une raison pour broyer du noir, et il parait que se faire belle me redonne le moral!


8) 17H35: tu ouvres ton parapluie, et te dis que le brushing sous la pluie, ce n'était pas une bonne idée...


9) 17H50: tu arrives nulle part. Apparemment, puisqu'il pleut (au cas où depuis le paragraphe précédent, tu aurais oublié...) le reste du monde n'a pas eu la même idée que toi, et décidé de rester au chaud à la maison. La ville ressemble à un no mans land investi par les corbeaux. Du coup, tu pars en quête d'un salon de thé pour prendre une boisson chaude, une pâtisserie pour te réconforter, vérifier que l'humanité existe encore. Tu en profites pour faire le tour des  rares vitrines fermées qui jalonnent ton chemin, pour passer le temps, et tu t'aperçois que les promenades sous la pluie le dimanche, c'est un sport qui se pratique en couple. Tu vérifies: non, tu es seule sous ton parapluie. Après avoir parcouru la rue principale du centre-ville en vain, tu décides de remonter chez toi, sans boisson chaude ni aucune forme de sucre pour te réconforter.


10) 18H25: Tu te réconfortes comme tu peux: après tout, il vaut mieux n'avoir croisé personne car les dimanches de pluie les gens sentent le chien mouillé. Répandre son fiel les dimanches pourris est un sport qui peut parfois sembler reconfortant. Tu passes devant 3 pâtisseries fermées, et tu as l'impression d'y voir l'histoire de toute ta vie: toutes ces choses alléchantes tu les observes derrière une vitre hermetiquement close, tu n'y as pas accès, tu te contenteras d'en avoir envie sans pouvoir y toucher. A ce moment là ta déprime est au beau fixe. Tu renonces.


11) 18H45: tu t'installes devant ton ordinateur, avec une tisane bien chaude et un clafouti industriel en barquette aluminium périmé et assez dure pour te casser les dents dessus, une bougie aux épices, un peu de musique classique et tu entreprends de saper le moral d'autres personnes en racontant ta journée... parce que ça, ça remonte un peu le tien, de moral.

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