Aujourd'hui l'humeur
n'est plus aux pioupious les p'tits oiseaux qui chantent au monde des
Bisounours. Ce ne serait pourtant pas pour me déplaire je l'avoue.
Mais tu es très
perspicace, tu as deviné qu'aujourd'hui, ce ne sera pas le cas. Je ne vais pas
jouer à la boute en train, je ne vais pas faire le clown ou jouer à la forte.
Non. Aujourd'hui, je vais me plaindre,
allègrement. C'est mon blog, je fais ce que je veux après tout.
Je vais donc te donner
la recette pour réussir un dimanche bien pourri:
1) Tu prends un
dimanche, et tu lui mets de la pluie, dès le matin. Pas de la neige, parce que
la neige, c'est boôOÔOôo. Pas une petite pluie printanière et intimiste non plus.
Non, de la pluie, forte, bruineuse, avec des éclairs ou de la grêle si tu veux,
mais de la pluie qui mouille. C'est très important pour le reste de la journée.
2) La veille, tu
prendras soin de te coucher trrrrrès tard, pas parce que tu as fait la fête,
non, ce serait trop sympa, mais plutôt parce que ton organisme aura décidé sans
te prévenir de se mettre un gros décalage horaire dans la couette, comme ça,
pour le plaisir, et surtout que tu as regardé des films à la con (ceux qui sont
sensés te faire pleurer et y parviennent à coup sûr, ou ceux sensés te faire
rire et qui se plantent la majorité du temps) sur ton ordinateur pratiquement
toute la nuit (Internet est vraiment magique pour les insomniaques torturés!).
Oui, le dimanche pourri se prépare à l'avance!
3) Tu es donc levée, la
matinée est largement terminée, et il pleut, deux bonnes raisons pour
t'empêcher d'aller chercher des croissants ou du pain frais à la boulangerie.
Tu te contenteras donc de ton café matinal de la semaine, en un peu moins sympa
parce qu'en plus, tu n'as plus de café.
4) 14H: devant le temps
plus que maussade et l'irrépressible besoin de sortir de chez toi pour ne pas
devenir fou, tu regardes autour de toi te demandant ou tu pourrais bien aller
trainer ton spleen. Sur les conseils des amis, tu te motives, car oui il faut
sortir, ne pas rester à broyer du noir inutilement, ou pire: commencer à réfléchir.
Alors tu tentes d'y croire que ça pourra un peu égayer ce dimanche dégoulinant
de morosité Tu postes un statut sur Facebook par pur désœuvrement, car les
dimanches pourris on ne s'imagine pas que ses petits états d'âmes minablement
égocentriques puissent intéresser qui que ce soit, les dimanches pourris nous
transforment en êtres résolument clairvoyants.
5) 15H: Tu as faim,
mais tu as la flemme. Les livreurs de pizza sont fermés, donc tu te réchauffes
un peu de rien qui traîne au frigo en prenant soin de ne pas vérifier la date
de péremption, et tu te fais une sorte de gloubiboulga en hommage à ces petits riens
que faisait ta grand-mère pour te caler les jours de pluie. C'est bizarre, mais
à 8 ans, ça semblait plus appétissant. Comme tu as faim, tu manges, avec la
consolation qu'au moins, c'est chaud et ça te tiendra au corps jusqu'à ce
soir...
6) 16H15: Tu regardes
pour la quinzième fois si quelqu'un a décidé de se souvenir que tu existes.
Apparemment, tes amis ont décidé d'hiberner pour la journée... sauf ceux qui
sont trop occupés par leur vie familiale bien remplie pour te venir en aide, et
qui finalement te déprimeraient encore plus. Tu décides alors d'aller te
doucher, et finalement, de te faire belle (on ne sait jamais, le prince
charmant se trouve peut-être dans un recoin de ton inconscient, tu ne voudrais
pas qu'il te voit avec cette tête là?!)
7) 17H30: Tu pars de
chez toi, lavée, habillée, maquillée, brushée (c'est dimanche, il pleut, les
heures comptent double alors tu as le temps, alors que la semaine, non).
Perchée sur tes sandales ouvertes à talons aiguilles, tu enfiles on plus bel
imper. Allez hop, action, on se motive, ce n'est pas une raison pour broyer du
noir, et il parait que se faire belle me redonne le moral!
8) 17H35: tu ouvres ton
parapluie, et te dis que le brushing sous la pluie, ce n'était pas une bonne
idée...
9) 17H50: tu arrives
nulle part. Apparemment, puisqu'il pleut (au cas où depuis le paragraphe
précédent, tu aurais oublié...) le reste du monde n'a pas eu la même idée que
toi, et décidé de rester au chaud à la maison. La ville ressemble à un no mans
land investi par les corbeaux. Du coup, tu pars en quête d'un salon de thé pour
prendre une boisson chaude, une pâtisserie pour te réconforter, vérifier que
l'humanité existe encore. Tu en profites pour faire le tour des rares vitrines fermées qui jalonnent ton
chemin, pour passer le temps, et tu t'aperçois que les promenades sous la pluie
le dimanche, c'est un sport qui se pratique en couple. Tu vérifies: non, tu es
seule sous ton parapluie. Après avoir parcouru la rue principale du centre-ville
en vain, tu décides de remonter chez toi, sans boisson chaude ni aucune forme
de sucre pour te réconforter.
10) 18H25: Tu te
réconfortes comme tu peux: après tout, il vaut mieux n'avoir croisé personne
car les dimanches de pluie les gens sentent le chien mouillé. Répandre son fiel
les dimanches pourris est un sport qui peut parfois sembler reconfortant. Tu
passes devant 3 pâtisseries fermées, et tu as l'impression d'y voir l'histoire
de toute ta vie: toutes ces choses alléchantes tu les observes derrière une
vitre hermetiquement close, tu n'y as pas accès, tu te contenteras d'en avoir
envie sans pouvoir y toucher. A ce moment là ta déprime est au beau fixe. Tu
renonces.
11) 18H45: tu
t'installes devant ton ordinateur, avec une tisane bien chaude et un clafouti
industriel en barquette aluminium périmé et assez dure pour te casser les dents
dessus, une bougie aux épices, un peu de musique classique et tu entreprends de
saper le moral d'autres personnes en racontant ta journée... parce que ça, ça
remonte un peu le tien, de moral.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire